
L’homme ouvre la porte de la voiture, s’y engouffre, mets le contact et démarre. Il déboîte et prends sa route de montagne, passe devant la forêt sombre et sillonne dans le lacet de bitume qu’il connaît bien. Il braque à droite, freine, tourne à gauche, freine, tourne à droite puis descends prestement vers la vallée basse. A l’avant dernier virage, il freine d’un coup mais son pied reste bloqué en hauteur, la pédale ne répond plus. Surpris, l’homme donne de petits coups avec l’avant du pied, mais la pédale ne bouge pas.
La voiture accélère. Il braque à gauche puis à droite, il prend de la vitesse. Agrippé à son volant qui devient humide, il rétrograde mais la pente s’accentue et la voiture dévale.
L’homme appuie alors avec le talon plusieurs fois. Il tape, plusieurs fois, fait un geste brusque avec sa jambe. Il frappe et ses mains glissent une seconde sur le volant mouillé de stress.
Il s’accroche et contrebraque avec une main en une milliseconde.
La milliseconde suivante, il décide de débloquer la pédale avec la main droite, se contorsionne puis remonte avec la tête à la hauteur du volant pour voir la route et redescends.
Personne en face.
Cette fois, il transpire mauvais et a quelques spasmes de terreur. Le croisement est bientôt là et la voiture est en roue libre. Il plonge et arrache le plastique de protection de la pédale avec ses dents en un éclair. La voiture freine enfin.
Le carrefour est là.
L’homme rebondit sur son siège. La voiture ralentit et s’arrête. Les yeux de l’homme clignotent. Son cœur frappe dans sa poitrine. Il jure. Il s’essuie les mains sur son jean. Il frappe son volant plusieurs fois de plus en plus fort. Il tape la portière… Il appuie sur la pédale de frein, elle est souple. Il respire à fond, ses yeux clignotent. Enfin, il peut repartir.
Sous son pied, il sent nettement la pédale de l’accélérateur qui descend.
Pourtant, il n’a pas appuyé.
Un texte écrit par Agnès Villanueva dans le cadre des ateliers d'écriture proposés par Myriam Dhume-Sonzogni. contact
rien de nouveau
À l’atelier du 13 août 2021 étaient participantes :
- Denise
- Aurélie
- Henriette
- Marie-Jeanne
- et naturellement Myriam
Le thème du jour en était :
“Je mange des gaufres belges”
Les pontes ont été :
- Denise :
“j’en veux encore”- Aurélie :
“Plus de sucre, c’est possible ?”- Henriette :
“J’aime pas les gaufres”- Marie-Jeanne :
“On boit rien avec ?”
Merci pour leur participation et leurs oeufs.
D’incertains jours s’improvisaient victuailles
à nos faims sourdes d’utopie véritable.
Nous respirons désormais à cycle inversé,
exhalant du fond de nos ventres
quelques bulles d’illusions
à déraison
salutaire.
Notre rêve en ce jour est un déplacement à vivre en première nécessité.
Nous en étions là — mur
en première ligne saturée des espaces clos — mur
dont nous ne savions plus — mur
géométriser les issues — mur —mur — mur.
Qu’étais-je d’autre sinon une feuille figée dans le temps de son envol ?
— mur — mur — murmure
des vents dormant dans l’interstice de nos défaites,
y croyons-nous encore ?
Nous sommes de la lignée des souffles
porteurs de bouleversements
aux destins asymétriques.
Délignant l’escarpement
murmures — de nos peurs
à l’envers du couchant.
Nous croissons dans les marges, côtoyant d’improbables soleils.