Le lieu n’est pas celui d’un poème

Le lieu n’est pas celui d’un poème

Le lieu n’est pas ici celui d’un poème. Une verrière urbaine sur la nuit ferroviaire. Ceux qui arrivent prennent place de ceux qui repartent, ceux qui partent essaieront d’arriver cette nuit encore.

Routes sur des rails, nous courant l’air
ici, dans la salle de nos pas éperdus.

Coulés en vertèbres métalliques, nos corps sans dossiers ont soif d’équilibre. Désaxe hors de nuit, le siège nous refoule inexorablement

Ne reste pas voyageur longtemps immobile…
ici dans le cimetière sans tourbe d’une attente perdue

Devant moi, elle. N’est pas ni tendre ni figure de poème. Elle. Il y a ses sacs. Ils ne repartent pas.
Immobiles et le ventre crevé

Ses sacs sont à demeure
ici même au vestibule crochu des âmes éperdues

Sinon cette couverture roulée sinon des cartons en attente sinon des journaux où elle n’est pas
encore. Autrement rien. Elle dort. Essaie. Sursaute.

La nuit en une partance fracturée
la nuit ici plutôt qu’ailleurs, dormir ici nos rêves à nu

Sa tête comme immergée dans un bain de nuit. Elle plonge manque de souffle. Dort essaie sursaute, son sommeil est une douleur pourtant

Le pire ici n’est pas encore
quand la buée joue sur les vitres une larme plutôt qu’un vide

N’ont retenu que la poussière, ses ongles maculés de nuit. Elle. Encache son visage entre ses mains.Berce sa peur, retient son ventre. Elle que le sommeil récuse, le songe est son ennemi

aimerait sans doute être boule ailleurs plutôt qu’ici,
souche plutôt que ronce,amas sans saillance

Serrant des mains un rêve perdu ou fracturé, elle dormant sans nuit sursautant sa flamme. Respire encore, elle sursoit à la poussière. Sursaute, dort, essaie. Survit

Une soeur,
partageant l’orée de notre peur.


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