Renaître
S’endormirait-il ce soir
— l’horizon ?
S’endormirait-il vraiment
à l’instant creux
d’un rêve
inachevé ?
Tu aimerais
— mourir et renaître comme à chaque nuit
fondue dans le vol d’une chimère.
Tu aimerais
brouiller
le sillage
des formes claires,
cracher depuis ta gorge de chatte
des couchants de ciel pourpre.
Tu aimerais comme à chaque nuit — mourir et renaître en rafales,
gardant sur ta peau
le souvenir
d’avoir été la promesse
de mille corps
dans le creux d’une goutte
— une mémoire à défaire
dans l’oeil unique
d’une cellule.
Mourir et renaître sur la paupière d’une broussaille
— visage défait et à refaire
S’endormirait-il ce soir l’horizon ?
Faudrait-il renaître du même au même sur fond d’ennui dupliqué ? Humaine et non végétale, flore sans rien de faune, faudrait-il baigner chaque soir dans le verre d’une éprouvette, errer dans les couloirs d’une utopie désaffectée, courir encore pour échapper au vertige des miroirs ? Faudrait-il naitre et ne plus mourir, croire à l’identique, au pérenne, à l’immuable ? Faudrait-il se soustraire à jamais à la sabbat des métamorphoses ?